Inéluctablement le regard ne peut éviter cette silhouette silencieusement tapie au fond de l’atrium ombragé. Féline lascive embusquée dans la pénombre tout juste éclairée de ce matin d’été, elle apparait, majestueuse et troublante dans les quelques rayons d’un soleil intimidé. Quelque part à Sainte-Anne : J’ai rendez-vous avec une Porsche.
On ne sait qui de cette créature sauvage ou de son observateur veut traquer l’autre. L’approche se fait en douceur, comme pour apprivoiser l’inconnu, chacun se rapproche de l’autre toisant de son œil inquisiteur le moindre mouvement d’un intrus sibyllin. Mieux qu’une proie à la merci de son prédateur, un jeu de séduction s’opère invitant chaque partie à se laisser tenter. Plus que sportive, l’allure est racée, retenue par un bitume qui ne demande qu’à libérer ses instincts chasseurs. Sobre élégance d’un profilé en quadri-couleurs, feux soulignés d’un bleu tendre et jantes en aluminium prestige confèrent un style aux charmes indéfinissables, de ces beautés inaccessibles, sages et discrètes qui ensorcellent au tout premier abord.
Dans un murmure rugissant, le moteur se met à ronronner rythmé par des séquences d’accélérations comme pour mieux solliciter l’attention de sa conquête. Le mouvement est fluide, la trajectoire assurée engage à la confiance d’une escapade ensorcelante. Subtilement le véhicule se glisse jusqu’à votre impatience, se pâme à vos pieds, ouvrant sa large portière passager pour vous cueillir en douceur. Sans défiance et tout naturellement votre être chavire, se laissant faillir pour se lover chancelant dans le cossu d’une sellerie cuir. L’assise est basse comme pour mieux laisser pénétrer ces vibrations susurrées par un macadam merveilleusement caressé. L’habitacle se referme engageant à l’abandon des sens. Une ceinture verrouillée pour mieux signer le statut de captive, une première accélération et le bolide vous propulse dans l’espace-temps flirtant sans plus attendre avec l’irrésistible.
Vitesse s’intensifiant, le corps se plaque sur le siège dans une ultime éviction à la soumission de cette parade naissante. Adresses et précisions de la conduite vont ajouter à cette griserie d’un plaisir pluridimensionnel. Mode « sport plus », virages sur-chassés, obstacles nargués et bordures effleurées en crissements de pneus ne suffisent pas à briser le charme de cette idylle balbutiante. Qui ne succomberait au sortilège troublant de ce voyage abyssal à damner l’âme jalouse d’une spectatrice égarée. Dans une ultime courtoisie qui pourrait être celle de ne pas franchir l’ineffable limite, tout en galanterie le coupé d’exception réduit sa course, vous posant délicatement à destination, s’assure que vous ayiez retrouvé vos esprits et s’en retourne majestueusement :
« Porsche 718… My name is Porsche 718 Cayman ».
Texte Nadine Gracy
Photos Pierre Marchal
Pilote Cédric Chane
Circuit Félix Guichard
400, Chemin Robespierre
Les Orangers
97437 – Sainte-Anne
Téléphone : 0692 78 11 82