Ex-choriste des grands, l’artiste du Tapon cherche sa voix en solo. Univers.
Béné Maillot n’écarte pas l’hypothèse selon laquelle on puisse écouter son EP en dégustant une tasse de thé. Mandarine, sa première livraison commise en totale autonomie créative, est d’abord la réponse sonore à un impétueux désir de raconter une belle histoire dans un climat général d’apaisement.
Dédié à la quête de sens de son aventurier fictionnel alternant les escales dans ses possibles légendaires, l’opus est un aller-retour permanent entre les univers de l’apesanteur et de l’aérien. Cette soif de contrastes, assumée comme un atout et non plus comme une astreinte, est la force directrice de ce projet voyageur.
Conçu en bonne partie entre deux tournées avec Corneille, Raphaël Gualazzi ou Mélody Gardot dont Béné Maillot fut la choriste diligente, Mandarine respire le mélange des genres. Ecrits dans un anglais international de haut-vol enveloppé de la voix juste et azurée de sa génitrice, les cinq titres de l’EP sont autant d’hymnes à tous les vagabondages. Leur déclinaison en mode pop nostalgique est une invitation toujours renouvelée à la découverte des influences éclectiques de la maîtresse des lieux.
Si la soul et le jazz sont ses piliers indéfectibles, Béné Maillot sait aussi s’en dessaisir pour épouser des inspirations en lien direct avec son appétit contemporain. Ses arrangements signés Alexandre Millet renforcent le relief du projet dont les racines multiculturelles s’étendent jusqu’à La Réunion.
L’allusion de l’artiste à son île natale ne se résume pas à des clins d’oeil ingénus livrés sous forme de kayambs samplés. Elle se transforme en aveu ferme et définitif dans le tourbillonnant Seven ways. Après un préambule où l’auteur-compositrice assume son fredonnement comme un parti pris, elle libère son intuition insulaire en rendant un hommage vibratoire à feu Alain Peters et son exemplaire mangé pour le kèr.
En s’inscrustant dans l’univers du maloya de La Réunion, Béné Maillot ne propose pas seulement une ode à la musique ternaire de ses aînés. Elle marque clairement le territoire créatif de Mandarine dont le prolongement scénique révèle toute l’ampleur.
Texte Pascal Balland
Photos Pierre Marchal